Comment sauver le chat!

Publié le par L'Apprenti

J'ai découvert, grâce à Dixit qui vient de le traduire, Blake Snyder, auteur d'un très allêchant How to save the cat! que je me suis empressé de commander, via amazon, en V.O., la traduction du titre (les Règles élémentaires de l'écriture de scénario) et mes précédentes expériences des traductions de Dixit m'ayant fait fuir la version française. J'ai un instant hésité, à cause du "point de vue d'un scénariste et d'un agent français" annoncé dans la vf, mais j'irai le lire dans une librairie, je crains que la valeur ajoutée que ce chapitre *spécial France* apporte n'équilibre pas la perte de la traduction.

Mais assez cassé de sucre sur le dos de ces pauvres éditeurs qui font un travail important, le livre de Blake Snyder a pour logline: "le dernier manuel de scénario dont vous aurez besoin", argument de vente fallacieux puisque l'auteur s'apprête à sortir une suite – non sans reconnaître l'ironie de la situation sur son site. Mais argument, semble-t-il à première vue, pas forcément usurpé.

Je n'en ai jamais parlé encore mais c'est l'occasion, dans son très bon How to write for Animation, Jeffrey Scott propose de construire les histoires en commençant par établir une série de temps forts (les beats). C'est une approche qui m'a convaincu dès l'instant où je l'ai eue sous les yeux mais que j'ai encore du mal à bien appliquer. Scott se contente de donner quelques exemples mais renvoie à la logique et au bon sens du scénariste pour trouver ces beats.

Snyder, lui, semble (je dis bien semble, parce que je n'ai pas encore le livre) entrer plus en profondeur dans cette question des beats, puisqu'il propose une méthodologie de construction en 15 temps forts et en 40 fiches. (Oui, je ne l'ai pas encore dit non plus mais je suis un fan de la construction en fiches depuis que j'ai lu L'écriture de scénario, de J.-M. Roth, et How to write a movie in 21 days, de Viki King, qui est une merveille).

Si vous êtes de ces auteurs qui ne croient pas aux méthodes, je vous félicite. J'ai un mal fou à faire sans, et une fâcheuse tendance à chercher LA méthode qui me permettra d'écrire des scénarii parfaits à chaque coup, le sourire aux lèvres et le coeur joyeux. Mais je ne doute pas que je ne la trouverai pas sans pratique et sans lire le plus de manuels que ma tête pourra en accepter – et ma tête a une grande contenance.

Je crois aux méthodes, non pas comme des machines à scénario, mais comme des outils. Si j'étais forgeron, j'essaierai d'avoir la meilleure enclume et le meilleur marteau pour forger le mieux possible. Être scénariste, c'est être un artisan d'histoires et pour être un bon artisan, il faut de bons maîtres et de bons outils. J'ai eu la chance d'avoir d'excellents maîtres, même si je ne me sens pas prêt à être lâché dans la nature, seul et que j'espère en rencontrer d'autres sur le chemin, mais les outils, c'est aussi à moi de les trouver.

Aucun des classiques que j'ai lu ne m'a convaincu, que ce soit le McKee ou le Lavandier, ils m'ont peut-être apporté les bases de la dramaturgie, mais pas de vrai "truc", et c'est ça que je cherche, des "trucs" pour que ça marche. Il y a aussi les bouquins qui me sont resté hermétiques, comme le Biegalski, et puis il y a les trouvailles inattendues, les outsiders qui se révèlent de formidables guides personnels.

Contre toute attente, le bouquin de Viki King que j'ai déjà mentionné a été une vraie révélation. Pour la première fois, un livre me parlait du rapport de l'auteur à l'écriture et ne se contentait pas de me servir des généralités théoriques sur la structure du récit et comment les personnages devraient, idéalement, s'inscrire dedans, etc. Non, cette fois c'était comment moi, avec mes spécificités, je pouvais écrire des films. Le tout lié à une méthode par fiches et par temps forts qui me convient tout à fait, je tenais mon premier coup de coeur de manuel!

L'autre, ça a été le Jeffrey Scott, mentionné plus haut, lui aussi, mon premier manuel d'écriture pour l'animation – et le seul à ce jour, parce que, mine de rien, c'est un vrai investissement, tous ces manuels. J'ai acheté celui-là après avoir été convaincu par les articles publiés en ligne sur le site de l'auteur. Le gros avantage de ce manuel c'est qu'il est bourré d'exercices et d'exemples complets de synopsis, séquencier et continuité dialoguées pour pouvoir comparer ce qu'on fait nous avec ce qu'il a fait, lui. C'est aussi très pédagogique et clairement rédigé, ce qui est un énorme avantage des auteurs américains sur les auteurs français!

Du côté des manuels d'écriture plus littéraire, il y a le très bon livre d'Elisabeth Vonarburg, Comment écrire des histoires, qui est rempli d'excellents exercices de désinhibition et de libération de l'écriture.

Dans la série des livres de romanciers qui parlent de l'écriture avec brio, je ne saurais trop recommander Ecritures de Stephen king.

Enfin, dans la série des livres qui attendent que je les lise et dont je vous reparlerai bientôt (enfin, tout dépendant de quand je les lirai enfin) il y a un manuel d'Orson Scott Card intitulé Comment écrire de la Fantasy et de la Science-Fiction, un livre sur l'écriture de Norman Mailer intitulé The Spooky Art et le livre de Syd Field: Comment identifier et résoudre les problèmes d'un scénario, qui semble très très bien d'après les quelques pages lues tout à l'heure à la FNAC. Syd Field a pour moi une forte aura de potentiel guru personnel de l'écriture.

Mais, conclusion pleine de bon sens, c'est à chacun de trouver ses points de repère dans l'innombrable masse des manuels. Alors feuilletez même les plus improbables, c'est souvent là que vous trouverez la perle qui vous guidera dans l'obscurité. Parce qu'après tout, un manuel, ce n'est rien d'autre qu'une lampe torche dans les dédales du labyrinthe qu'est l'écriture. L'important, c'est d'écrire et ces livres ne sont que des guides ou des encouragements sur le long et laborieux chemin du travail accompli.

Je suis sentencieux, là, non? Faut m'arrêter quand c'est comme ça sinon, je dis n'importe quoi pendant des heures.

Ce que j'aimerais, idéalement, c'est que chacun de vous, mes trois ou quatre lecteurs, participiez à l'élaboration d'une liste de manuels, donnez les titres des livres, même les plus improbables, qui vous ont fait avancer ou qui vous ont marqué dans votre apprentissage du scénario. Ce qui serait génial, c'est qu'on arrive à réunir une base de données immense de références dans lesquelles chacun pourra ensuite aller piocher.

Enfin, toute dernière référence, abonnez-vous à la newsletter de Creative Screenwriting, elle est très complète et pleine d'opportunités d'apprentissage.

Publié dans Dramaturgie

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